L’auteur et son double : le rôle du traducteur

Qu’ils soient français ou issus du vaste vivier étranger, les textes que nous choisissons sont toujours des coups de cœur. Quand la magie opère, l’enjeu est de taille. Car ce n’est pas seulement une histoire qui nous séduit. C’est aussi une patte, une écriture que nous voulons partager, qu’elle nous vienne de France, d’Outre-Manche, ou de l’autre bout du monde.


Mais lorsqu’il s’agit de traduire, quel prestidigitateur des mots saura le mieux transmettre en français l’émotion que l’éditeur a ressentie lors de sa première lecture ? Imaginez mon dilemme lorsqu’il m’a fallu choisir le traducteur de Mes Vies de chien de W. Bruce Cameron… Voilà un roman ambitieux, tour à tour désopilant et poignant. Le narrateur ? Bailey, un toutou irrésistible qui nous raconte, de sa voix teintée d’une délicieuse candeur, ses vies successives, son amour absolu pour son maître Ethan, sa consternation devant l’inutilité des chats.


Alors comment conserver en français cette force et cette fraîcheur qui m’avaient tant séduite en VO ? Mission impossible ? Pas vraiment. Car en lisant le roman, j’entendais déjà, derrière celle de l’auteur, la plume d’un jeune et talentueux traducteur. Christophe Rosson, dont l’humour et la finesse transparaissent jusque dans les petits mots qu’il nous laisse sur les ailes de papier de ses cigales en origami, et qui avait brillamment traduit Les Mystères du Far West de Caroline Lawrence. Qui mieux que lui pourrait relever ce défi ?


Encore fallait-il vérifier cette intuition. J’ai donc demandé à Christophe de traduire les premiers chapitres. Tout de suite, j’ai été conquise. Deux mois plus tard, je recevais l’ensemble de la traduction. Et, lorsque la traduction est irréprochable - ce qui me semble le cas ici, mais vos avis seront les bienvenus !, alors je plonge tête la première dans l’univers délirant de l’auteur et de son double, le traducteur : je redeviens lectrice, et j’en oublie presque de chasser les petites imperfections du texte…


Cette complicité entre traducteurs et éditeurs est vraiment une alliée précieuse. Elle se renforce au fil de nos collaborations. Nous permettent de mieux cerner le traducteur parfait pour tel ou tel texte en fonction de leurs affinités. Car traduire, c’est écrire : si nos lecteurs oublient si facilement l’existence de nos romanciers de l’ombre, et que c’est grâce à l’interprétation de nos traducteurs qu’ils vibrent en lisant les œuvres de leurs auteurs préférés, alors c’est bien qu’il faut adresser, à tous nos traducteurs, un immense merci !


Aurélia Goyens, éditeur, Hachette Romans/BlackMoon

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Un Traducteur

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Car traduire, c’est crire : si nos lecteurs oublient si facilement lexistence de nos romanciers de lombre, et que cest grce linterprtation de nos traducteurs quils vibrent en lisant les uvres de leurs auteurs prfrs, alors cest bien quil faut adresser, tous nos traducteurs, un immense merci !

Ce vibrant hommage a ma profession me parait bien evidemment fort beau et fort juste, j’ai neanmoins tendance le trouver quelque peu decredibilise par l’absence du nom du traducteur sur toutes (sauf exception ?) les presentations de livres du site LivreDePocheJeunesse (alors que les fiches precisent bien le numero du dos, le code EAN...)

Quelques exemples au hasard :
http://www.livredepochejeunesse.com/Adam-a-tout-prix (traduit par Aude Lemoine)
http://www.livredepochejeunesse.com/ABC-contre-Poirot (traduit par Louis Postif)
http://www.livredepochejeunesse.com/Le-secret-du-chevalier (traduit par Florence Bellot)
http://www.livredepochejeunesse.com/Allons-reveiller-le-soleil,871 (traduit par Alice Raillard)

(Par ailleurs votre systeme de commentaires ne semble pas gerer correctement le francais puisqu’il ne digere pas les caracteres accentues...)