Découvrez notre interview de Béatrice Nicodème

A l’occasion du mois du policier en avril, le Livre de Poche Jeunesse vous a proposé des animations diverses pour découvrir ou redécouvrir les grandes enquêtes de la littérature. Et comme en mai, le Livre de Poche Jeunesse fait ce qu’il lui plait on vous rappelle que vous pouvez encore participer à notre concours d’écriture pour peut-être faire remporter à votre classe un atelier d’écriture avec Béatrice Nicodème, l’auteur de Wiggins, un rival pour Sherlock Holmes ! Découvrez sans plus attendre notre interview.


Vous avez écrit des romans policiers pour la jeunesse mais aussi pour les adultes. Votre travail d’écriture est-il différent en fonction du public ? Quelles sont les différences principales entre ces deux publics ?
Quand j’ai une idée d’histoire (ou plutôt d’amorce d’histoire), je sais tout de suite à quelle « tranche » d’âge j’ai envie de la raconter. Ce n’est pas nécessairement une question de complexité de l’intrigue, mais cela tient plutôt à l’intérêt que pourront y trouver un adulte, un adolescent, ou un très jeune lecteur. Enfants et adultes ne rient pas toujours des mêmes choses, n’ont généralement pas les mêmes angoisses. Quant à l’écriture, elle est naturellement différente dans chaque cas mais cela se fait naturellement. S’il vous arrive un événement traumatisant et que vous le racontez à trois personnes (votre mère, un enfant de huit ans, et un psy) ce sera toujours de la même histoire et pourtant les trois récits seront différents, vous n’insisterez pas sur les mêmes détails, vous n’utiliserez pas les mêmes mots, vous n’exprimerez pas vos émotions de la même façon. Cela se fait instinctivement.


Et vous, lorsque vous étiez adolescente, quel genre de lecture affectionniez-vous ?
Sans la moindre hésitation, les romans policiers. Je n’ai découvert ce genre qu’à une douzaine d’années car, lorsque j’étais enfant, il n’y avait pas de « vrais » romans policiers pour la jeunesse et le genre était plutôt mal vu. Il n’y en avait pas un seul chez moi ! Mais un jour, quelqu’un m’a prêté « Le Chien des Baskerville », un des romans qui met en scène Sherlock Holmes, et c’est comme si s’ouvraient soudain devant moi des horizons immenses et inconnus. J’ai donc « avalé » énormément de romans policiers durant des années.


Après avoir écrit tant de romans policiers, arrivez-vous toujours à vous surprendre avec vos intrigues ?
Si on réfléchit bien, les mobiles possibles sont en nombre assez limité, tout comme les armes du crime. Ce qui importe, c’est la façon dont les personnages (un élément capital de tout roman) vont interagir pour former une histoire qui sera unique. C’est vrai de n’importe quel roman : les ingrédients n’ont pas besoin d’être originaux ou nouveaux pour que le roman vous captive. C’est l’alchimie de l’ensemble, l’atmosphère, la façon d’agripper le lecteur qui le rend unique.


Lorsque vous écrivez, connaissez-vous déjà la fin de votre enquête ou vous laissez-vous porter par l’histoire ?
Je ne me lance jamais dans l’écriture proprement dite avant d’avoir longuement travaillé sur mon histoire et sur mes personnages. J’ai en général un point de départ (une anecdote lue au hasard, une scène entraperçue dans la rue ou par la fenêtre d’un train, une impression, un lieu, une maison...) Il faut en tout cas qu’il y ait un déclic, que je sente de façon évidente que j’ai là une piste intéressante. Les idées viennent ensuite petit à petit, entre lesquelles je fais sans cesse le tri. En même temps, je pense aux personnages, j’imagine leur caractère, leurs petites ou grandes névroses, leur passé, les relations qu’ils ont entre eux. Puis je construis la trame, l’enchaînement des événements... Tout cela représente un énorme travail si on veut que le roman soit cohérent et que le lecteur se dise, en arrivant au dénouement : « Ah, voilà, je comprends pourquoi X a dit cela à tel moment, pourquoi Y paraissait si transparent alors qu’il dissimulait un lourd secret », etc. Mais une fois lancée dans l’écriture, bien entendu, tout prend une autre couleur. Telle réaction que j’avais imaginée pour le héros à tel moment du roman me semble tout à coup artificielle et va se transformer. Si bien qu’il y a toujours au moins deux étapes, souvent davantage, où je remets tout à plat. Alors un personnage secondaire peut prendre soudain une importance que je n’avais pas prévue, un autre se fondre dans le décor, une découverte essentielle être retardée ou se révéler d’une façon tout à fait imprévue... Mais l’architecture est toujours là, qui me donne confiance car je sais que l’histoire tiendra debout même si j’en modifie les contours.


Pour rencontrer Béatrice Nicodème, relevez le défi qu’elle vous lance : avec votre classe, commencez à écrire une intrigue policière autour du personnage de Wiggins et exposez clairement le déroulement de votre histoire en une page maximum. La classe gagnante sera celle qui trouvera l’intrigue la plus palpitante afin de donner envie à Béatrice Nicodème de venir l’aider à écrire la suite.


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